Arrow, le retour de la morale des années Bush
On a longtemps considéré que la série 24 illustrait les années Bush, avec son héros immoral qui n’hésitait pas à avoir recours à la torture pour faire parler ses ennemis les plus récalcitrants. A l’inverse, la plus récente Homeland a été comparée au premier mandat d’Obama, série post-9/11 moins violente mais encore plus anxiogène.
Néanmoins, Arrow (The CW) va encore plus loin que 24 dans l’immoralité, car sa sale manie de tuer tout ceux qui croisent sa route n’est à aucun moment contestée.
Oliver Queen est un jeune playboy milliardaire qui avait tout pour lui, avant que le yacht au bord duquel il passait du bon temps n'ait coulé en plein océan, emportant avec lui tout l’équipage, dont le père du protagoniste. Queen, seul survivant, a passé des années sur une île déserte avant d’être sauvé et de retrouver sa « vraie » vie, à New-York. Nul ne sait vraiment ce qu’il a fait pendant ces années, isolé et barbu, mais ce qui est sûr, c’est qu’il est revenu avec des capacités physiques surdéveloppées et une haine envers les anciens amis de son père.
Avant de mourir, ce dernier lui a en effet avoué que le milieu dans lequel il avait fait fortune est corrompu et que son fils devait prendre conscience que les collègues de son père son, en réalité, de grands méchants.
Ce petit résumé est expédié en cinq minutes et on retrouve le héros dans sa ville natale, qui reprend contact avec sa famille et qui a du mal à s’habituer au confort de son grand manoir. La série ne se focalisera pas sur les années d’exil du héros mais bien sur sa vengeance.
En l’espace d’un épisode de quarante minutes, Queen tue au minimum cinq personnes, à coups de couteau ou grâce à son arme favorite, un arc et des flèches. Lorsqu’il rend « justice », le personnage principal se cache en effet sous une capuche verte et devient « Arrow », un tireur à l’arc hors pair qui n’a de Robin Hood que la couleur de prédilection. En effet, même si le héros vole un riche pour donner l’argent à des gentils citoyens qui l’ont attaqué en justice, ce dernier n’hésite pas une seule seconde à semer la mort pour venger son père. Celui-ci lui a légué une liste de noms, que Queen va s’atteler à barrer un à un à mesure qu’il les a punis.
Greg Berlanti, Marc Guggenheim et Andrew Kreisberg ont donc oublié un ingrédient essentiel lorsqu’ils ont choisi d’adapter Arrow à la télévision : le rendre aimable. Non seulement Stephen Amell (Queen) n’a aucune présence, mais aucun autre personnage ne réussit à tirer vers le haut cette série qui mise tout sur des scènes d’action rocambolesques et sur ses acteurs au sourire parfait, au risque d’en oublier le scénario.
Arrow était une des productions les plus attendues de l’année, ce qui en dit long sur la rentrée des séries de 2012, et il est difficile d’imaginer quel genre de public elle a réussi à toucher. Pourtant, d’après Rick Porter l’épisode Pilot a ramené à la chaîne ses meilleures audiences depuis trois ans avec 4M de téléspectateurs, ce qui n’est pas élevé à l’échelle des grands networks mais très important pour la CW.