« Meatball is in the oven »

Publié le par Marie Turcan

1600 Penn (NBC) est un OVNI au pays des séries TV. Généralement, ce terme est utilisé pour parler d’une production décalée, déjantée, qui brise les codes, mais à force de l’appliquer à de nombreuses séries, elles en deviennent moins marginales.

Le Mockumentary était un OVNI avant d’être popularisé par The Office, Parks and Recreation ou la récente Veep. L’intertextualité n’était pas courante avant Arrested Development, Community ou même Don’t Trust The B---- In Apt 23.

 

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Ici, 1600 Penn ne rentre dans aucune case. Cela présente son lot d’avantages et d’inconvénients.

 

Le premier bon point qu’il faut accorder à la série est qu’elle réussit à faire rire. Cela semble aller de soi, mais en réalité, bon nombre de nouvelles comédies ont peiné à atteindre cet objectif ces dernières années.

1600 Penn surfe sur deux vagues à la fois ; l’autodérision et le comique de situation. Si on peut lui reprocher ses assez grosses ficelles (un fauteuil qui prend feu, un personnage qui lance une balle de baseball sur la tête d’un autre), la série tient debout grâce au personnage principal : Skip.

 

Ce jeune homme a tout pour déplaire ; il est gros, emprunté, légèrement chauve et en est à sa septième année de licence à l’université. Pourtant, Skip est le fils ainé du président des Etats-Unis. Ce dernier décide de le faire revenir à la Maison-Blanche après une énième bêtise perpétrée sur son campus universitaire.

 

L’acteur, Josh Gad, parvient à tenir le premier rôle en oscillant constamment entre bonnes intentions et gaffes en tout genre. Il parvient aussi à plaire à la fois à un public qui aime le comique de geste avec ses mimiques et son air badaud, mais aussi aux amateurs d’humour un peu plus fin, basé sur des répliques cinglantes et de l’autodépréciation.

 

C’est sur ce point que l’on peut dire que 1600 Penn ne peut être classée dans une catégorie spécifique. Les références peuvent évidemment se trouver en grand nombre : on pense tout de suite à Veep lorsque l’on découvre une nouvelle série politique qui fait rire. Sauf qu’à part quelques déplacements dans des écoles primaires et des conférences avec les pays d’Amérique Latine, la politique n’a pas sa place dans cette série. Alors que Veep décrit avec mordant et cynisme le quotidien réaliste de la vice-présidente des Etats-Unis, 1600 Penn n’utilise la Maison Blanche que comme toile de fonds des bévues du héros.

C’est en cela que la production peut décevoir.

 

1600 Penn

 

Ceux qui s’attendent à un Mockumentary sur la vie de la famille (recomposée) du président des Etats-Unis seront déçus. Le côté consensuel, si cher aux networks, est ici trop présent et l’empêche de prendre son envol. Le manque d’audace des scénaristes se ressent surtout lors des dernières minutes de l’épisode Pilot, lorsque la sincérité teintée de naïveté de Skip permet à son père de conclure un important accord avec des délégations d’autres pays.  Et si l’analogie n’était pas assez claire, l’épisode se clôt sur un discours du président des Etats-Unis, dont les paroles peuvent évidemment s’appliquer aussi bien à la situation du pays qu’à sa vie de famille. Un tic qui a déjà été utilisé dans trop de séries et qu’il vaudrait mieux laisser s’éteindre avec le succès de Grey’s Anatomy.

 

Comment aborder cette série hybride ? C’est bien la question. Il est difficile de la regarder sans essayer de trouver ses références, de comprendre d’où les producteurs ont puisé leur inspiration. Pourtant il faut l’admettre ; 1600 Penn est un mélange de plusieurs genres. Elle évite les écueils de la production d’une série par un network (forcément plus encadrée que sur le câble) mais ne va pas assez loin pour être qualifiée d’indépendante ou même d’audacieuse. Le scénario veut montrer un personnage maladroit alors que la réalisation avec plusieurs caméras est impeccable, sans mouvement, avec de nombreux filtres et des plans baignés de lumière.

 

La diffusion du deuxième épisode de la série le 10 janvier signera son lancement officiel sur les ondes. Il s’agit donc de patienter et de voir ce que cet OVNI, qui a pour l’instant de grands risques de se crasher, peut apporter au paysage des séries comiques.

Publié dans Présentations

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