« Did the president call? »

Publié le par sharkjumping

Non, le président des Etats-Unis n’appelle jamais Selina, pourtant vice-présidente, dont la série Veep (HBO) narre le quotidien aussi drôle qu’affligeant.

 

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HBO signe là un coup de maître en réussissant à sortir presque au même moment deux séries comiques qui ont en commun leurs personnages décalés et les situations embarrassantes dans lesquelles ils sont souvent coincés. Après Girls, voilà donc Veep.

 

Veep vient de V.P, acronyme pour « Vice-President », le poste qu’occupe Selina Meyer, incarnée brillamment par Julia Louis-Dreyfus.

 

L’actrice, sosie de Tina Fey qui s’est d’ailleurs moquée de cette ressemblance en participant à un épisode de 30 Rock, vient elle aussi du Saturday Night Live mais est surtout connue pour son rôle dans Seinfeld. Pourtant, ce sont surtout ses apparitions récurrentes dans Curb Your Enthusiasm et Arrested Development (A.D) qui illustrent la manière avec laquelle elle réussit à imposer sa marque de fabrique à l’écran.

 

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(Shark Jumping aime les blagues sur le jeu des 7 différences)

 

Je cite ces deux dernières séries car Veep s’en inspire considérablement. Déjà parce qu’après le retour de Jeffrey Tambor sur le petit écran (cf article sur Bent), on retrouve Tony Hale, le merveilleux Buster dans A.D qui reprend du service pour incarner à nouveau un personnage inapte socialement mais qui a le mérite d’être – relativement – efficace dans son rôle de conseiller de la vice-présidente (qui lui lance tout de même des « Well, good luck Gary, I’m convinced that you can probably do this ».)

 

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Aussi, parce que Veep est tournée avec une seule caméra portée à l’épaule, dans la veine des « Mockumentaries », ces séries comme The Office, Modern Family ou le récent Death Valley qui font semblant d’être tournées comme des documentaires. De ce fait, elle peut surprendre avec ses zooms brusques ou une qualité d’image moins travaillée que dans d’autres comédies comme Community ou Girls, mais ces effets de caméras viennent appuyer les dialogues hilarants et les échanges souvent gênants entre les personnages.

 

En effet, pour ce qui est des situations dignes du label « FAIL », la vice-présidente Selina Meyer est reine. Non seulement les scénaristes insistent bien sur le fait que son métier n’implique aucune responsabilité, mais ils n’hésitent pas à montrer combien le milieu de la politique n’est qu’une affaire d’images et de petites phrases. Pour les mordus de fiction politique, le ton de la série sera évidemment différent de celui que prônent les sérieuses Boss (Starz) ou Borgen (Arte), mais ils retrouveront les magouilles et les jeux de pouvoir qui sont chères à ces dernières.

 

Ce qui diffère, dans Veep, c’est plutôt l’importance des personnages secondaires et surtout des conseillers des hommes (et femmes) de pouvoir, presque plus avides que leurs mentors. On retrouve Reid Scott (le médecin sexy de The Big C) dans le rôle de Dan, l’assistant qui n’hésite pas à sortir avec la fille d’une politicienne pour faire avancer sa carrière, mais la largue dès qu’il se rend compte qu’il pourrait se placer auprès de la vice-présidente. A ses côtés, Anna Chlumsky, qui incarne Amy, la « chief of staff », se sent immédiatement menacée lorsque la vice-présidente décide d’engager Dan dans son équipe. Il faut dire qu’elle l’avait auparavant qualifié de « shit », avant d’ajouter « he’s a massive and total shit. When you meet him you think, surely to god, this man can’t be as big a shit as he seems, but he is. It’s like, if there was a book, with a cover made of shit, you’d think « that’s intriguing, I want to know what’s in this book, that they saw fit to make a cover that’s made of pure shit ». And then you open it, and… Shit ! ».

 

Malgré ce monologue des plus argumentés, Selina Meyer va tout de même engager Dan, ayant l’impression de faire une bonne affaire, alors que ce dernier est tout simplement parvenu à ses fins en lui faisant douter de la manière dont ses proches gèrent sa campagne. Quand Amy lui fait remarquer que c’est lui qui l’a utilisée, elle a ce petit moment d’hésitation interdite, popularisée par Liz Lemon dans 30 Rock, en ajoutant « no no. I definitely used him. » alors même qu’elle réalise son erreur.

 

Anna Chlumsky est géniale dans cette fiction politico-comique car elle avait déjà excellé dans le film anglais In The Loop, merveille de sarcasme et d’humour british, qui racontait les dessous (imaginés) des débats et tractations politiques qui ont menés à la guerre en Irak en 2003.

 

Au final, Julia Louis-Dreyfus fait un comeback réussi à la télévision et HBO fait passer un message aux chaînes qui tenteraient de la concurrencer, notamment Showtime et son inclinaison pour les « dramédies » (Weeds, Nurse Jackie, The Big C, Californication) : HBO sait faire rire, et elle compte bien ne pas lâcher le créneau.

 

Et nous, pauvres téléspectateurs fans de séries, de pleurer sur notre dimanche soir qui vient de gagner encore une excellente série. Décidemment, les américains feront tout pour rendre le lundi matin déprimant. 

 

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(Bring it, Bitch!)


Publié dans Présentations

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